Avant la guerre, lors de leur mariage
en octobre 1938, Papa et Maman s'installèrent
dans une petite maison située au numéro 2 de la Rue de Verdun à Bergerac.
Cette maison existe toujours, voici sa photo prise à l'époque.
C'est dans le petit jardinet qui la sépare de la rue que furent prises
les premières
photos de famille où je figure avec
papa et Maman, mais l'environnement a bien changé aujourd'hui!
En cliquant sur cette photo, vous la verrez en vue agrandie, prise en
2007 par Roger!
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Poursuivons par les années de guerre:
en 1943, notre maison fut gravement endommagée par le souffle d'une
exposion de la Poudrerie de Bergerac, qui se trouvait à moins d'un
kilomètre à vol d'oiseau. Nous avons du alors nous réfugier "à la
campagne" et les parents choisirent (je ne sais pas par quels intermédiaires)
d'aller à la Ferme du Saint-Onger, située à la sortie
ouest de Bergerac sur la route de La Force (Voir carte à droite,
où l'on voit assez nettement les bâtiments de la ferme ).
C'est dans cette ferme que nous avons passé les derniers mois de guerre,
jusqu'en 1945 où nous pûmes regagner la maison réparée.
J'ai retrouvé aisément cet endroit, bien
connu à Bergerac. J'y étais déjà allé il
y a quelques années, vers 1985. A cette époque la ferme était
encore exploitée, nous fumes reçus par une dame de mon âge,
qui nous dit qu'elle était la fille des fermiers qui vivaient là en
1940. Les trois aînés d'entre nous ont donc connu à l'époque
cette "petite fille"
dont je me souviens vaguement... |
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J'y suis retourné récemment (octobre 2007) et cette fois-ci
les choses ont changé. La ferme a été vendue, et le
nouveau propriétaire réaménage l'ensemble des bâtiments.
Vous avez tous en mémoire la fameuse photo de Maman assise sur la margelle
d'un puits? Regardez bien cette photo à droite, elle est prise devant
la ferme pendant l'état 1944.
Regardez maintenant la photo suivante (en couleurs). Elle a été prise
en 2007, et ce qu'on voit au milieu ressemble bien au "puits"
de la précédente... Si vous observez les agrandissements de
ces photos, vous verrez que ce n'est pas une margelle: il
s'agit en fait d'une grosse pierre ronde, sans doute une
meule pour écraser les noix. Le puitss lui même est derrière
Maman, bien visible sur la seconde photo.
Cette
pierre est très
ancienne, on voit distinctement une marque latérale en forme de croix,
toujours visible aujourd'hui. La seule différence est que cette pierre
s'est enfoncée dans le sol de près de trente centimètres!
L'arbre est toujours là, il a grossi entre temps...
Etonnant, n'est-ce
pas?
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(Cliquer pour agrandir). |
Et voici d'autres photos du Saint-Onger prises en 2007, montrant successivement
le corps de bâtiment de la ferme, puis la "maison de maîtres"
où nous habitions, vue de devant et de derrière (la première
fenêtre
ouverte est celle de la chambre des parents, ouvrant également par
une porte-fenêtre située à droire et non visible sur
la photo), enfin la grande prairie située à l'arrière
et descendant jusqu'au Caudeau, la petite rivière qui passait en contrebas. L'arbre
du premier plan existait déjà en 1944...
C'est dans cette rivière que des soldats allemands, cantonnés à quelques
centaines de mètres de la ferme, pêchaient à la grenade.
Ils apportaient alors le poisson (un peu déchiqueté...) à la
fermière qui était chargée de le leur faire cuire. J'ai
quelques souvenirs très précis au sujet de ces soldats.
Un soir d'été l'un d'entre vint à la ferme et nous voyants
dans la cour, il sortit de sa poche la photo de sa femme et de son
fils, me prit sur ses genoux et m'embrassa en pleurant...
Une nuit d'août 1944, des combats opposèrent des résistants
et le poste de la Wehrmacht situé derrière la maison. Dès
les premiers tirs, papa et maman nous firent lever et nous nous réfugiâmes
tous dans une petite pièce aveugle, sorte de grand placard sans fenêtres
situé au cœur de la maison. Au matin les parents découvrirent
des impacts de balles dans les murs de leur chambre à la tête
de leur lit, juste à l'endroit où ils auraient du se trouver.
Enfin il arriva que les soldats allemands amenèrent
de nuit, en camion, des maquisards capturés par eux, et les fusillèrent
près de la ferme...
(à suivre...) |
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