Pourquoi désespérer ? petite chronique du confinement (3).

de | 29 mars 2020

Nous voici le dernier dimanche de Mars consacré, quoiqu’il arrive, au passage à l’heure d’été. A l’heure où je rédige cette petite chronique, le ciel, encombré d’une couche grise uniforme, ne permet même pas de voir où se situe le soleil au dessus de l’horizon. Facile à deviner pourtant, me direz vous : à la même hauteur qu’hier à l’heure d’aujourd’hui moins une heure, et plus 2 minutes ! Vous m’avez suivi ? Non ?
Tant pis pour moi, je me suis emberlificoté dans mes explications…

La Radio France-Inter qui accompagne nos journées (en dehors de nombreux épisodes d’écoute de musiques en « streaming » — comme on dit ici en patois) nous a répété plusieurs fois que nous avons perdu une heure de sommeil, et je me demande si nous pourrons la retrouver un jour. On en parle à l’horizon de 2021, si tout les pays se mettent d’accord, ce qui me surprendrait beaucoup, beaucoup 😜.

Alors, comment vous sentez-vous, ce dimanche matin ? Il faut absolument garder le moral comme on dit, pour deux raisons essentielles (et des tas d’autres en plus…) :

  • La moins bonne : quoiqu’il arrive on ne peut rien changer au devenir de l’humanité, si tous les hommes continuent à avancer les yeux et les oreilles fermés au sort de leurs semblables, ce qui est leur comportement habituel. Pas de regret donc pour les « méchants » qui disparaissent…
  • La meilleure : on voit se dessiner un changement remarquable dans l’attitude de nombreuses personnes vis à vis de celles et ceux qui les entourent, un comportement solidaire extraordinaire se fait jour, et l’attention portée aux voisins, aux plus démunis, aux personnes âgées en détresse matérielle et affective, doit nous faire augurer que le meilleur de l’homme surgit dans les périodes les plus noires.

Les autres raisons, c’est à vous de les découvrir, j’peux pas faire tout le boulot à votre place, non ? Faites preuve d’imagination et de créativité, vous allez voir que c’est facile (enfin, si on veut vraiment s’en donner la peine).

De plus, cette vie immobile peut être l’occasion de retrouver des occupations négligées depuis longtemps, comme la lecture, le classement de documents (photos, livres…) que l’on remettait toujours  au lendemain, la correspondance écrite à la foule de vos admirateurs comme je le fais ici, mais aussi, celle qui vous replace en tête-à-tête avec vos amours, vos amis, vos familles et tout ceux que le temps et l’éloignement vous ont conduits à négliger. Il n’est pas de plus grand plaisir que de rédiger une longue lettre, la glisser dans une enveloppe et imaginer ce que le destinataire ressentira en la lisant… Quelques-jours se passent : l’a-t-il reçue, l’a-t-il lue ? Va-t-il me répondre ? tout de suite ? dans quelques jours ? L’impatience me gagne, mais je ne téléphone pas (pas encore…), j’attends la lettre en retour, et  je guette le contenu de la boîte aux lettres…
Voilà de quoi se créer un vrai sentiment d’attente qui change du « je veux tout, tout de suite » habituel.

 

Cette semaine, la Médiathèque de Périgueux a mis en place un concours photographique ouvert auprès de ses lecteurs abonnés, et les autres.
Peu importe la forme, c’est l’idée qui est importante :

CHALLENGE PHOTO “FENÊTRE SUR COUR / FENÊTRE SUR LE MONDE”.

C’est une bonne idée de plus pour s’occuper au lieu de se battre les flancs en chantant  » Quest-ce que j’peux faire, j’sais pas quoi faire… « , comme Anna Karina, les pieds dans l’eau, dans Pierrot le Fou, de Godard.
J’ai donc fouillé dans ma photothèque, et j’ai trouvé ce cliché que j’ai intitulé « solitude« . C’est, vu du balcon de notre appartement, l’impasse qui se dirige vers le joli petit Parc Gamenson à 100 mètres à peine. Cette dame âgée soigne quelques chats qui résident dans l’impasse et sortent à heures fixes pour recevoir des friandises et des caresses que cette dame isolée leur prodigue deux fois par jour. J’espère que le contact avec ces chats lui apporte du bonheur ; en tous cas, n’en sachant guère plus à son sujet, je me plais à l’imaginer.

Enfin nous avons cette semaine une pensée affectueuse pour nos cousins de Versailles dont trois, âgés certes mais que nous connaissons bien, sont décédés ces jours-ci. Un contact sympathique établi cette semaine avec Romain B. petit fils de ma cousine Edith T. décédée il ya peu, nous a permis d’évoquer les liens familiaux, la généalogie familiale (que j’ai entrepris de relater depuis une trentaine d’année). Une occasion de resserrer ces liens familiaux  que nos modes de vie encombrés d’activités inutiles, frivoles, ont souvent distendus.

Alors je clos cette chronique du 29 mars à l’heure d’été (oui, oui, j’insiste et je déteste ce changement) en vous proposant d’écouter un peu de cette superbe musique de Jazz que j’affectionne particulièrement. Et en particulier ceci, qui m’a été envoyé par mon ami Jean-Michel C. grand amateur de Jazz devant l’Eternel (j’ignore si l’Eternel écoute cette belle musique…).
Jean-Michel est tombé dans le Jazz durant ses années d’études de Médecine, et il a fondé il y a une quinzaine d’années le festival MNOP (Musiques de la Nouvelle-Orléans en Périgord) qu’il a longtemps présidé, et qui nous procure l’occasion d’écouter chaque été de superbes musiciens américains ou européens, dans le cadre de magnifiques décors, parcs et jardins de villages de Dordogne.
Voici ce qu’il nous a adressé hier :

« Je vous autorise, en cette période de grandes restrictions, à regarder cette vidéo au moins 2 fois… & même davantage dans ce weekend qui s’annonce longuet.
D’ailleurs c’est même pas une vidéo, c’est un bijou, une pépite à voir & revoir en toutes occasions, le plus chouette des courts métrages consacrés au jazz.

Il date de 1944, réalisé par un photographe étonnant, Gjon Mili, & on y voit à leur plus haut niveau qq uns des plus prestigieux musiciens de l’époque : Lester Young, le Prez, grandiose dans son éternelle nonchalance, les gamins surdoués que sont Harry Edison (tp) & Illinois Jacquet (sax ténor), un pianiste, Marlowe Morris, totalement oublié alors qu’il devrait être parmi les illustrissimes, les 2 + grands batteurs de l’histoire, Big Sid Cattlett & Papa Jo Jones + la guitare de Barney Kessel & la basse de Red Callender. Et puis les « dancers », Archie Savage & Mary Bryant, laquelle n’est pas mal non plus quand elle pousse la chansonnette sur un Basin Street bien fagoté.

Pardonnez cette énumération si longue, mais j’ai pensé que vous aviez aussi le temps de lire &  ces somptueux musiciens méritent infiniment mieux que l’oubli dans lequel ils sont plongés. »

Allez, je vous laisse regarder, passez une très bonne journée et prenez soin de vous,
bises à toutes et tous,
à bientôt « sur cette même chaîne »…

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2 réflexions au sujet de « Pourquoi désespérer ? petite chronique du confinement (3). »

  1. Chantal QUIDET

    Merci pour cette jolie chronique qui nous relie les uns aux autres, malgré l’heure (je ne parle pas du passage à l’heure d’été) douloureuse et compliquée pour beaucoup .
    J’ai beaucoup aimé la vidéo avec d’excellents musiciens et le talent du photographe ajoute au plaisir et à l’émotion.
    J’en espère d’autres.
    E n attendant la chronique N°4 prenez soin de vous.
    Chantal

    Répondre
    1. Jean-Marie Auteur de l’article

      Merci sœurette, tes compliments me touchent, à bientôt…

      Répondre

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